(Trois-Rivières) Une quinzaine de jours après avoir rompu ses liens avec Léo-Guy Morrissette, Dean Lygitsakos est sorti dimanche soir du mutisme qu'il s'était imposé pour livrer une version bien différente de celle offerte par son ex-partenaire d'affaires.
C'est essentiellement pour des raisons monétaires si les routes de Lygitsakos et de Morrissette se sont séparées après plus de cinq ans, selon l'homme de hockey, qui accepte de lever le voile sur l'histoire afin que les fans de l'équipe trifluvienne de la Ligue nord-américaine sache pourquoi il n'est plus dans l'entourage de l'organisation.
«Quand j'ai lu dans Le Nouvelliste les propos de M. Morrissette pour expliquer mon départ, j'étais vraiment frustré et je ne voulais pas réagir sur le coup, question de bien exprimer ma pensée. Le temps est venu de rétablir les choses, c'est beaucoup trop simpliste de prétendre que je suis parti parce que je ne voulais pas me contenter du rôle de directeur-gérant», lance Lygitsakos.
«Notre séparation est due en grande partie à des raisons monétaires. Ces dernières années, l'équipe avait une dette à mon endroit et elle s'est accentuée énormément au cours de la dernière saison», dévoile le Louisevillois d'origine, qui confie avoir payé les joueurs de sa poche en fin de saison pour s'assurer que le bateau ne coule pas.
«M. Morrissette ne voulait plus investir de sous, il disait en avoir investi assez. Nous étions à la porte des séries, je ne voulais pas que le bateau coule alors que je croyais vraiment que nous avions une chance de soulever la Coupe, alors j'ai avancé l'argent en espérant la récupérer rapidement avec un long parcours en séries. Après notre élimination en première ronde, j'ai demandé à M. Morrissette de me rembourser, mais il repoussait sans cesse l'échéance et c'est devenu pesant à porter pour ma famille... »
La dispute qui a pavé la voie au divorce est survenue deux semaines après la fin de la saison lors du party de l'équipe. «Il devait aussi de l'argent aux joueurs, il avait promis de les payer à ce moment-là et il n'avait pas débloqué les sous. On s'est chicané pour la première fois en cinq ans, je ne voulais pas que les joueurs se retrouvent dans la même situation que moi. Il a alors fait une nouvelle promesse de les payer deux semaines plus tard, ce qu'il a fait, mais notre relation n'a plus jamais été la même.»
Lygitsakos a compris que le tapis lui glissait sous les pieds quand son partenaire l'a tassé dans les négociations avec la Ville pour le renouvellement des ententes concernant l'utilisation du Colisée. «Il me disait de ne pas m'en faire, mais je savais qu'il se tramait quelque chose, alors j'insistais de plus en plus pour qu'il vienne à Trois-Rivières afin de récupérer mon argent...»
Deux mauvaises nouvelles
Quand Morrissette s'est finalement pointé en ville au début du mois, il avait deux mauvaises nouvelles pour Dean Lygitsakos. Primo, il n'avait pas apporté son carnet de chèques. Secundo, il lui demandait de renoncer à son poste de pilote.
«Il m'avait pourtant consenti une prolongation de contrat de trois ans aux Fêtes! On avait beau n'avoir qu'une entente verbale, nous avons toujours fonctionné ainsi entre nous et il n'y avait eu jamais de problèmes avant ça, alors je ne peux que considérer que c'est un congédiement. Rendu là, c'est lui le patron, il peut bien faire ce qu'il veut, mais c'est un bris de contrat et normalement, il devrait honorer les montants, ce qu'il refuse de faire. À partir de là, j'aurais refusé n'importe quelle proposition car le lien de confiance était brisé entre nous. Et la preuve de ça, c'est qu'il m'a offert de reprendre les deux postes la semaine passée en partageant toutefois avec lui le job de directeur-gérant. J'ai refusé. Je ne me suis pas senti respecté dans tout ça, alors pas question de collaborer de nouveau avec lui. Le lien de confiance est rompu.»
Au moins, il croit que son ex-associé va honorer sa dette. «Il m'a depuis remboursé une petite partie et il doit me remettre le reste cette semaine. Même s'il y a eu des retards, M. Morrissette a toujours payé ses dettes et je pense qu'il va agir de la même façon. Du moins je l'espère car je suis loin d'être millionnaire, c'est un montant important pour un salarié comme moi.»
Lygitsakos dit également que Morrissette a menti quand il a prétendu avoir racheté ses parts dans l'équipe. «Pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais eu de parts dans l'équipe! Quand j'ai accepté de m'impliquer dans la gestion de l'équipe à la suite du départ de Sylvain Robert, je l'ai fait en acceptant un certain pourcentage des recettes. Je devenais la figure de l'organisation, je savais que je servirais d'intermédiaire tant avec nos commanditaires, nos fournisseurs que nos joueurs et que je représenterais l'équipe lors des meetings des propriétaires. J'ai accepté ça parce que je croyais fermement au projet. J'y crois toujours, mais je suis le genre à m'investir à 100 % quand j'embarque dans un projet et je ne peux plus avoir ce même désir aux côtés de M. Morrissette après tout ce qui s'est passé ces dernières semaines.»
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